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Ma plongée au cœur des Beaux Mecs

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J’ai déjà parlé à plusieurs reprises sur ce blog de la série Les Beaux Mecs avant sa diffusion sur France 2. Elle semblait riche de promesses et j’attendais avec impatience de la découvrir. Verdict après avoir l’avoir vue en intégralité : j’ai été totalement embarquée.

ATTENTION, SPOILERS

Un ton moderne et une vision juste

Les Beaux Mecs, contrairement à ce que son titre pourrait laisser penser, n’est pas un documentaire sur la réalisation du calendrier des Dieux du stade. Les Beaux Mecs, ce sont les gangsters, tels qu’on les appelait à l’époque, époque où les bandit portaient des costumes et se vantaient d’avoir un code d’honneur.

Durant les 8 épisodes, on suit 50 ans de grand banditisme à travers le parcours d’Antoine Roucas, devenu Tony, puis Tony le dingue.
2010, Tony purge sa peine de prison à la Santé après s’être fait serrer suite au cambriolage d’un joaillier en 1983. Son codétenu, Kenz, petite frappe des cités sans envergure, a décidé de se faire la belle. Alors que Tony semble voir un fantôme au JT, il saisit l’occasion et s’évade lui aussi. Mais le voilà contraint de faire équipe avec Kenz et de découvrir que le monde a bien changé en 27 ans (même s’il a toujours autant d’ennemis).
Si on s’en tient à ce pitch rapide, la série ne semble pas très originale et on peut craindre que le « duo comique » petite frappe/gangster qui a la classe lasse assez vite. Mais dès la première scène, on sent que cela va mal se terminer pour Tony et que le propos ne sera pas simpliste.

C’est une série de gangsters, mais qui n’est pas à leur gloire. Tony est un héros fatigué, en bout de course, lucide sur sa vie et pas spécialement fier de son destin. Kenz est encore dans l’illusion que le Tony Montana de Scarface est le mythe ultime et ne rêve que de gloire et d’argent facilement « gagné ». Tony lui rappelle à de nombreuses occasions que ce n’est qu’illusion et que truand, ce n’est pas un parcours de santé.

Des personnages attachants et tragiques
Ce qui fait la force d’une série, c’est bien sûr son sujet, mais ce sont surtout ses personnages. Et là, j’ai adoré avoir de l’empathie pour ces Beaux Mecs.

Tony (Mhamed Arezki et Simon Abkarian) : on le découvre enfant, élevé par la Gazette, prostituée qui bat le pavé parisien pour le compte de Monsieur Jo. Antoine voue une grande admiration pour cet homme, qui se rapproche le plus d’une figure paternelle. Naturellement, il deviendra l’un de ses hommes de main et en retire une grande fierté. Il ne rêve que d’une chose : devenir quelqu’un, comme le souhaitait sa mère, et le seul milieu qu’il connaisse, c’est le banditisme. Tout bascule alors qu’il rentre de mission à Marseille pour négocier avec Tom la grosse tête, le « parrain » local et accessoirement concurrent de Monsieur Jo. Il apprend que sa mère a été exécutée par son « patron », après avoir été tondue, pour avoir trop parlé aux flics et permis une arrestation. La scène durant laquelle Tony déterre le cadavre de sa mère, enterré en forêt, est particulièrement forte et le marquera au fer rouge. La scène où il se venge est à la limite de l’insoutenable et d’une violence flirtant avec la folie.
Puis, on suit son ascension dans le monde du crime organisé, du trafic de drogue et des salles de jeu. Il finit par devenir quelqu’un, tombe amoureux de Claire qui deviendra sa femme. De cette union naîtra un fils, dont il apprend la mort violente peu de temps avant de finir en prison.
Tony est un homme fidèle : fidèle à son amitié pour Guido, fidèle à son amour pour Claire, fidèle à sa haine pour les Balducci.
Kenz (Soufiane Guerrab) : au début, il est l’archétype du voyou des cités, sans envergure et à l’avenir peu reluisant. Élevé par sa demi-soeur suite à l’abandon de son père, il n’a pas fait les bons choix. Sa relation avec Tony évolue : il n’est qu’un outil pour Tony et en souffre car il souhaiterait plus de considération. Alors qu’il semblent plus se supporter que s’apprécier, un lien et une complicité se tissent entre eux au fil des épisodes. On ne peut pas parler de lien filial, mais ils finissent par se respecter.
Guido (Olivier Rabourdin) : mon personnage préféré. Ce manouche travaille pour Tom la grosse tête et se retrouve à devoir bosser avec Tony. Ils se « flairent » un petit moment, mais suite à la vengeance de Tony, durant laquelle Guido lui prête main-forte, un puissant lien les unit. On peut vraiment parler de frères de coeur. Ce qui est très touchant avec cet homme, c’est son sens du sacrifice : il a voué sa vie aux autres, il a fait une croix sur son amour pour Claire. Il ne s’est autorisé qu’un seul geste égoïste : simuler sa mort avec le fils de Tony pour le protéger, mais aussi pour être le père de l’enfant de la femme de sa vie. Un père aimant qui donnera tout à cet enfant.
Claire (Anne Consigny) : elle peut sembler naïve et quelque peu agaçante. Mais son amour pour Tony, alors qu’elle sait très bien quel genre d’homme il est et la vie qui l’attend est touchant. Elle l’a dans la peau et même après 27 ans et le traumatisme qu’a été la disparition de son fils, elle l’aime toujours.
Nils Karlssen (Dimitri Storoge) : le jeune flic qui se retrouve à devoir coincer Tony le dingue. Durant les 4 premiers épisodes, son rôle est assez fade et ses passes d’armes avec le commissaire Janvier (Philippe Nahon, le génial Goustan le cruel de Kaamelott), l’ancien flic vieille école qui a serré Tony en 83, sont plutôt répétitives. Mais au fil de la série, ces deux figures prennent de l’épaisseur : on comprend rapidement que le jeune est le fils de Tony et Claire et le Janvier s’avère être l’une des pires ordures sur Terre.
Les Balducci : les trois fils de Tom la grosse tête. En constante guerre de territoire avec Tony, leur haine mutuelle ne connaît aucune trève.

Le choix assumé du dramatique
Les Beaux Mecs, ce ne sont pas que des scènes de fusillades, de courses-poursuites, la cavale… Les Beaux Mecs, ce sont surtout des destins d’hommes et de femmes.
La relation Tony/Guido m’a beaucoup touchée. Ils sont restés 27 ans à penser que l’autre l’avait trahi, alors qu’il l’avaient été tous les deux par les Balducci. Ils se retrouvent et leur amitié évince bien vite tout ressentiment.
Les deux derniers épisodes prennent clairement le parti du mélo, mais ne plongent jamais dans le pathos. Les retrouvailles, entre Tony et Claire, la mort de Guido dans les bras de Tony, la découverte de l’existence de Nils, tous les éléments sont réunis pour être dans l’émotion. Et cela a parfaitement fonctionné pour moi.
La scène de retrouvailles/adieu entre Tony mourant et Nils est aussi simple qu’émouvante.  Et que dire de celle entre Claire et Nils ? Elle porte en elle tout le tragique de l’histoire de ces personnages : retrouver celui/celle qui vous a toujours manqué, se rendre compte que 27 années ont été perdues mais être dans la joie immense de ces retrouvailles inespérée.
Alors voilà, j’ai pleuré durant ce final, comme ça, sans prévenir.

Une écriture et un montage efficaces
Je tiens à saluer ici le travail de la scénariste Virginie Brac et du réalisateur Gilles Bannier. J’avais déjà beaucoup aimé leur travail commun sur la saison 2 d’Engrenages et j’ai encore une fois été ravie.
La narration des Beaux Mecs est particulière puisqu’elle fonctionne par flashbacks. Flashbacks qui n’ont rien d’artificiel : pour les plus anciens, ce sont d’autres acteurs qui interprètent les rôles ce qui évite le problème des déguisements, maquillages ou autres ficelles bien trop évidentes. Leur intégration au récit se fait de manière très naturelle et intelligente. Les infos sont distillées au bon moment et on suit avec autant d’attention ce qui s’y passe que lors les scènes contemporaines.

La série n’a pas fait un carton d’audience et cela se comprend. Un propos et des images inhabituels pour France 2 et une case horaire familiale (20 h 35) qui ont dû dérouter plus d’un téléspectateur. Signatures, autre série au propos ambitieux et inhabituel, arrive bientôt sur France 2. J’imagine que là encore, les audiences risquent de ne pas être à la hauteur de la chaîne. J’espère simplement que cela ne marquera pas un arrêt des projets innovants car la série française en a bien besoin !

Si vous vous voulez aller plus loin, je vous recommande chaudement la série d’entretiens réalisée par le site Le Village.

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